Marilyn Manson ✖︎ Heaven Upside Down

The Pale Emperor marquait le retour aux affaires du pape Manson dans un registre bluesy réussi. Bien plus remonté avec Heaven Upside Down, il sonne le compte fatidique du dixième album. Accompagné encore de Tyler Bates, compositeur de musiques de films, à la production et à l’écriture, l’état de grâce est-il toujours de mise ?

In Your Face.

Une entrée en matière agressive efficace avec un passage à la Antichrist Superstar pour « Revelation 12« , qui s’ensuit avec une « Tatooed In Reverse » plus classique du Manson post-Holy Wood. Si le producteur est le même que sur le précédent, l’approche blues n’est plus de la partie pour une approche frontale, lourde et bourrine. Et ce n’est pas « We Know Where You Fucking Live » qui calmera les ardeurs du futur quinqua. Extrêmement proche d’un « Fight Song » époque Holy Wood dans la construction de son refrain, tout comme « Jesus Crisis« . Comme d’habitude, on sent une tendance à la répétition et on n’est jamais perdu dans un album de MM. « Say10« , originellement le titre du disque, est très fidèle à ce qu’on peut depuis presque 25 ans à travers la voix caverneuse du Révérend.

Déjà Vu.

L’insignifiante « Kill4Me » rappellerait une chute du Eat Me, Drink Me et « Mephistopholis of Los Angeles« , « Blood Honey » nous joue le coup de la balade à corps et à cris habituelle et les deux n’arrivent pas à décoller de leurs modèles. On retiendra « Saturnalia » et « Jesus Crisis » pour leurs atmosphères, leurs riffs et le côté dansant de la première dont on aurait aimé que le style soit plus présent dans l’album. Les gimmicks relous comme finir un morceau a capella sont déjà entendus 100 fois et apparaissent encore en double ici. Globalement, Manson ne se prend pas les pieds dans le tapis mais peine à délivrer des morceaux aussi marquants que sur Pale Emperor. L’album garde un côté très monolithique et un peu trop frontal pour gagner en profondeur avec les écoutes. Là où son prédécesseur avait pris le soin d’alterner les coups de reins et les coups de freins, ici on tourne un peu en rond. Cela manque d’un titre qui laisse tout le monde d’accord par sa mélodie, sa capacité à monter en puissance ou sa manière de mettre différemment la voix de Manson en avant.
Une « Threats of Romance » à la lourdeur prononcée fini par boucler l’impression générale d’un trop plein de sons « dans ta gueule », de nuances absentes et les dix titres paraissent trop peu pour répondre à nos envies après un dernier souvenir si positif avec MM. Rien de dramatique à l’arrivée mais rien qui ne transcende non plus ce qu’on avait déjà entendu les 25 dernières années dans sa discographie. On pressent juste ici une envie de surfer sur un renouveau critique plus qu’une intention créative forte. Bien sûr c’est la sainte trinité des thèmes chers au bonhomme avec du cul, de la religion et des flingues. Avec de l’auto-référence à son propre mythe, histoire d’entretenir le melon démesuré. Dommage que toute cette machine tourne à vide.