Difficile de parler de Walls Of Jericho sans commencer par l’innévitable et si souvent caricatural couplet sur le côté exceptionnel que représente encore une voix féminine au sein d’un groupe de métal hardcoreux bien énervé. En réalité, Candace Kucsulain n’a pas grand chose de caricatural et elle sait gueuler aussi fort que ses congénères masculins. Mais bon, ce détail semble encore définir plus qu’autre chose l’identité de ce genre de formations. Pourtant cette demoiselle, avec son look de garçon manqué et son attitude hardcore, se fond parfaitement dans cette nouvelle scène straight-edge qui florit outre-atlantique.
D’ailleurs ce quintet de Detroit traîne derrière lui une réputation scènique plutôt impressionante après seulement deux albums et en joue beaucoup, revandiquant le fait que cette fameuse Candace paie souvent de sa peronne les excès d’enthousiasme des foules, finissant parfois littéralement en sang ou avec diverses contusions et fractures. Sympathique tout ça. Le second album, ‘With Devils Amongst Us All‘ est donc celui auquel nous allons nous intéresser maintenant.
Musicalement parlant, Walls Of Jericho évolue dans un style bien à eux, savant mélange de hardcore, metalcore et, bien qu’une jolie figure de rhétorique d’énumération en -core soit bien tentante, de punk. Respectivement, le premier apporte des rythmiques lourdes et entrainantes, le second y ajoute des riffs parfois mélodiques ou plus rapides et enfin le dernier fait tout le charme de ce son unique avec une touche oldschool, plus spontanée, rugueuse et moins convenue. Attention, rien de révolutionnaire, juste un mélange très efficace et qui prend bien.
Du coup, on ne s’ennuie pas, chaque titre apportant son lot de bonnes idées. ‘The Haunted‘ nous offre un refrain chanté par des choeurs sur une mélodie simple mais épique comme il faut et qu’on retiens très vite. ‘With Devils Amongst Us All‘, parmis tant d’autres, nous fait la démonstration de l’affection que porte le groupe au soucis du détail, de l’arrangement, du break destructeur avec une intro percutante, des mid-tempos bien amenés et une batterie déchaînée qui remplit chaque recoin de la compo par des fills très bien sentis. Candace nous fait même une petit démonstration plutôt convaincante de chant clair sur ‘No Saving Me‘, balade accompagnée de violons ou autres instruments à cordes. Pas super original mais il n’y a pas de mal a calmer un peu le jeu de temps en temps.
Bon, par contre, le petit détail moins sympa c’est que quand on regarde bien, derrière cette intérgité, cette droiture sans compromis caractéristiquement straight-edge se cachent en fait des lyrics bien plus proches d’émos dépressifs en crise d’adolescence. Tout y passe et on y va a coups de ‘coeurs blessés qui saignent’, de ‘suicides dans la solitaire obscurité’ et de ‘je me met à genoux pour pleurer’… Très loin de l’attitude hargneuse, tête haute et torse bombé du hardcoreux règlementaire tout ça. Mais si ça plait à certains, après tout, tant mieux.
‘With Devils Amongst Us All‘ s’écoute donc avec grand plaisir. La puissance, la spontanéité, le dynamisme, des titres variés, un chant original, des musiciens à la hauteur, tout y est. On ne peut qu’attendre avec curiosité de voir comment ce mélange de styles va évoluer dans les prochains albums du groupe.