HELLFEST 2022 – DIMANCHE 19 JUIN ★ CLISSON

C’est déjà le dernier jour du Hellfest ! Vraiment ? Non, du premier Hellfest de 2022 ! La canicule est toujours là, mais ça ne nous empêchera pas de continuer à courir de scène en scène.

Landmvrks

Encore un réveil athlétique et les retards ne pardonnent pas puisque Landmvrks a décidé d’attaquer directement sur son turbo-hit « Lost In A Wave ». Pas le temps de s’échauffer, on saute dans le pit.

Le public bouffe dans la main des marseillais et ils en font absolument ce qu’ils veulent. Il faut dire que même si on l’avait voulu, difficile de résister à leurs riffs ultra-efficaces et à un maitre de cérémonie qui alterne entre furieux kickage soutenu par un batteur carré et refrains repris par toute la fosse.

Une chose est sûre, c’est certainement la dernière fois qu’on les voit aussi tôt et on les imagine bien grimper rapidement vers le haut de l’affiche.

 

Lysistrata


On était très curieux de revoir Lysistrata aux affaires après leur escapade Park en compagnie de François and the Atlas Mountain, et cela tombait bien pour nous vu que le court set ne comporte quasiment que des nouveaux morceaux.
Sur la forme, Lysistrata reste un trio où le chant est assuré par la batteur et dans une moindre mesure par le guitariste. Même s’ils ne le revendiquent pas explicitement, les charentais s’inscrivent dans une tradition du noise rock à la française (pensez Virago ou Maczde Carpate) et les nouveaux titres laissent apparaitre une sens mélodique plus aiguisé tout en gardant les influences post hardcore façon Cult Of Luna notamment sur les breaks et les parties plus instrumentales. Si le groupe a paru un peu hésitant dans sa communication avec le public, son rock intense a su provoquer un joli pogo et des slams sous l’habituellement paisible fosse de la Valley.

 

Sortilège

On commence souvent à écouter Sortilège ironiquement. Parce que Maiden en VF, c’est rigolo. N’étant pas un gros fan de heavy et encore moins francophone, je connaissais quand même leurs gros tubes et j’étais donc ce midi devant la mainstage avec ma galette saucisse, pour voir ce que ça donnait.

Rappel historique : Sortilège a connu une reformation compliquée, et a depuis subi un schisme avec désormais un groupe avec les musiciens et un autre avec le chanteur. Et c’est bien ce dernier qui est venu animer la pause dej, avec un Christian « Zouille » Augustin particulièrement en voix. Ils ont d’ailleurs sorti l’an dernier « Phoenix », un album de réenregistrements best of avec la nouvelle équipe. On a donc droit à un set en conséquence, ce qui veut dire qu’on chasse le dragon, qu’on court à travers le désert porteurs d’un message de guerre, qu’on est enfermés mais qu’on aura bientôt le monde entier à notre botte et que soooortiiiiiilèèèèèège !

Ah merde. Non mais moi j’écoutais ironiquement jusqu’à présent là, commencez pas quoi. Le poison s’est répandu lentement mais j’ai passé tout l’entre deux fests avec leurs mélodies dans la tête. Bravo Zouille, j’espère que t’es fier de toi.

 

Moscow Death Brigade

Survet fluo, chaines en or, un DJ et deux MCs… pas de doutes, la Warzone accueille un bon gros show hip hop ! Beaucoup de monde présent pour voir la curiosité cagoulée Moscow Death Brigade, et notamment pas mal de bénévoles qui avaient réservé leur créneau libre journalier. Si on décèle des accointances punk / hardcore notamment sur le puissant “This is MDB”, le concert est musicalement parlant une giga teuf où le groupe russe étale son flow hip hop cradingue sur de la drum & bass énervée, de la trap (« Brother and SisterHood ») voire même du breakcore sur la fin qui a fait fuir les plus vieux. Le groupe russe fout un bon gros bordel illustré sur scène par une mascotte crocodile bling bling accompagnée par des bouées gonflables à son effigie – et saupoudre le tout d’un discours libertaire et anti-militariste prônant l’abolition des frontières (« Bad Accent », « Papers Please »). Surprenant et rafraichissant !

 

Inter Arma

Le plus jouissif au Hellfest c’est surement qu’avec six scènes opérationnelles et une programmation super qualitative à chaque extrême, chacun peut se composer son petit menu improbable en fonction de ses gouts. Parce que l’époque des monomaniaques qui gardent leurs œillères pour s’identifier à un seul style est révolue depuis longtemps, enfin on peut espérer.

Tout ça pour dire que : l’enchaînement Moscow Death Brigade / Inter Arma ! Seulement au Hellfest ça ! On se donne des petites claques pour réaliser, et aussi pour se réveiller parce que c’est l’heure de la sieste et que la température continue de grimper.

Le mood est donc sacrément léger et le son oppressant des virginiens ne nous glacera pas grand-chose. C’est même l’effet inverse, mais c’est étrangement plaisant. On finit par bien planer sur les vagues de souffre et l’hyper polyvalent Mike Paparo nous guide de ses incantations glauquissimes. Mention spéciale pour sa performance sur « Howling Lands » où il démontre toute l’étendue de sa gloomycité. Une expérience mémorable donc et il y a fort à parier que la prochaine fois qu’on les verra sera fort différente.

 

Jesus Piece

Malheureusement je n’ai pas pu assister au concert complet de Jesus Piece. Le groupe américain a fait une grosse impression grâce à son intensité scénique irréelle. Je pourrais parler de “gros hardcore au chant guttural boosté par des break beatdown”, mais pour faire court ça a sévèrement secoué dans la fosse de la Warzone entre deux interludes hip-hop. ça m’a consolé de n’avoir pas réussi à accrocher au mélange de mathcore et djent instrumental de Car Bomb qui jouait dans le même temps sur la Main Stage.

 

Monuments

Le programme officiel annonce un groupe de « heavy prog » sous la Temple… curieux, nous tombons donc sur Monuments qui en vrai sonne metalcore moderne, comme beaucoup de groupes à la Bring Me The Horizon mais en plus technique. Le groupe britannique propose des compositions de qualité avec de belles variations et des transitions fluides, en bénéficiant en plus d’un son impeccable – denrée bien trop rare en ce week-end. On retiendra surtout la grosse capacité vocale du chanteur, aussi à l’aise dans les beuglements que pour le chant clair. Un brin poseur, mais indéniablement doué.

 

Red Fang

On l’oublie parfois, mais Red Fang en dehors des clips rigolos, ça peut être sérieux. Brutal rappel de cela avec un début de set où les mecs nous déversent tout dans la gueule. Ouverture sur un enchaînement « Blood Like Cream » / « Malverde » / « Crows In Swine » : qui c’est qui rigole maintenant ? Personne, et ça attaque gentiment la bagarre malgré la chaleur étouffante sous la tente.

Parce que les gens sont venus en nombre et que la température extérieure n’a pas baissé. Mais au moins, on est SOUS la Valley. Nombre de malheureux n’ont pas eu notre présence d’esprit et sont arrivés trop tard pour se retrouver tristement bloqués à l’extérieur. Red Fang est ultra populaire. Et autant la Valley sera toujours leur maison de cœur, on se demande pourquoi le concert n’a pas eu droit à une mainstage comme ça avait été le cas il y a quelques années.

Toujours est-il que passé ces considérations, Red Fang c’est la fête. Red Fang ça sera toujours la fête. Alors on saute dans le pit joyeusement et on finit haletants comme des petits chiens préhistoriques.

 

Maximum The Hormone

Voici un moment que j’attendais depuis longtemps : Maximum The Hormone a échappé à l’avalanche d’annulations qui s’est abattue sur le Hellfest 2022 et je peux enfin les voir pour la première fois sur scène. Pour ceux qui ne connaitraient pas, MTH est un groupe japonais qui mélange punk rock enjoué, fusion funk option slap et neo metal brutal – sans jamais s’interdire d’ajouter d’autres ingrédients inattendus. Les 4 nippons sont visiblement très heureux d’être venus, le chanteur Daisuke et la batteuse Nao en particulier semblent intenables, tenant absolument à interagir avec le public dans un anglais incompréhensible. Niveau setlist, je vis un rêve éveillé, quasi tous mes morceaux favoris y étaient, aussi bien les anciens (« Koi Mega Lover », « Shimi ») que les plus neufs (« Maximum The Hormone I & II »). J’aurais bien rajouté un petit « Falling Jimmy » ou « Tsume » pour le plaisir, mais au vu de la jouissive explosion finale due à « What’s up people ? » il n’y avait rien à regretter !

 

Down

Ce concert de Down était doublement exceptionnel en ce qui concerne Phil Anselmo : il s’agissait de la 34ème participation du chanteur au festival en seulement 15 éditions, mais aussi de la première effectuée sobre.

Solide sur ses appuis, pas une seule fois le charismatique leader ne s’écroulera sur Kirk Windstein pour lui frotter le crâne. Mais alors que l’œnologue en chef concentre tous les regards, on vous rappellera juste pour le plaisir le line up de légendes néo-orléanaises qui soutiennent le monument : Pepper Keenan (Corrosion of Conformity), Kirk Windstein (Crowbar), Jimmy Bower (Eyehategod) et Pat Bruders (Goatwhore). C’était propre et carré. La tartine de gras a été étalée avec une dextérité à nulle autre pareille et on ose espérer que le public a su apprécier sa chance.

 

Korn

Le son est affreusement dégueulasse lorsque commence le concert de Korn, et ça dure un moment avant de finalement atteindre quelque chose d’audible. Petite déception pour une grosse partie des fans qui découvrent ce soir l’absence de Fieldy. Le bassiste à la tête dure a décidé de sauter cette tournée, et si on pouvait imaginer que la raison serait semblable à celle de Steph Carpenter, il s’agirait en fait selon ce que le communiqué laisse entendre, d’une simple histoire de désintox. Il est donc remplacé par Ra Diaz, le bassiste de Suicidal Tendencies qui avait donc lui-même été remplacé par Ty Trujillo chez ST. Le mercato des bassistes. Si le Diaz est un phénomène chez Suicidal, c’est malheureusement moins le cas quand il joue les bouche trous chez Korn et on le trouvera assez en retrait et finalement assez peu à l’aise.

Les vieux fans ont par contre été assez contents de la liste : sur l’heure et quart de set seuls deux titres du nouvel album ont été joués. Si vous avez déjà vu Korn en live, peu de surprises donc.

Oh, et quand même ! Le 19 juin c’est l’anniversaire de Head ! Alors on lui a sorti son gâteau et pis on a chanté. C’était mignon.

 

Perturbator

Le temps de remonter le festival, Perturbator joue déjà quand on atteint enfin la Valley. Schéma classique : on s’inquiète dans un premier temps de trouver un public bien calme considérant ce qui se passe sur scène, puis ça se met à danser, puis c’est le début de la bagarre, puis ça lance des wall of death sur des chansons calmes… A force on devrait être habitués, mais c’est comme ça. Mais quand même, preuve que les français arrivent à bouger en fonction de la musique qu’ils entendent, tout le monde finira par ralentir sur les trois dernières chansons, issues du dernier album « Lustful Sacraments ».

Parlons-en. La dernière livraison de James Kent se détache de cet aspect froid et implacable qui avait trouvé son paroxysme sur « New Model » pour aller vers quelque chose de plus organique, plus new wave, plus… goth ? Parce qu’on n’est pas tout à fait chez Type O Negative ou Sisters Of Mercy, mais il y a quelque chose de ça dans le chant. Oui, le chant. On rigolait pas quand on disait « plus organique » : sur cette tournée Perturbator est venu avec un batteur, une guitare et un micro qu’il utilise pour chanter sur les titres du nouvel opus. Au final, Perturbator se réinvente en douceur sans perdre personne. Quand la synthwave finira par mourir il y a fort à parier qu’il fera partie des survivants et qu’on le trouvera en train de danser fièrement sur les cendres.

 

Alcest

Phénomène rare, on assiste à une migration de toute la Valley vers la Temple. Les tentes stoner et black metal sont voisines et ne jouent donc jamais en même temps, mais les mouvements de l’une à l’autre sont rarement impressionnants. Or ce soir, c’était exactement le même public.

Il faut dire que Perturbator et Alcest, c’est l’amour. Ils avaient partagé la scène pour La Roue de la fortune lors du Major Arcana et « Sapphire » d’Alcest avait eu droit à un remix par Perturbator en 2020.

De longs drapés évoquant les ailes de « Spiritual Instinct » occupent le fond de scène. Ce dernier album était sorti en 2019, ce qui peut paraitre loin quand on fait le calcul, mais reste finalement près si on considère qu’on n’était alors qu’à quelques mois avant que le temps ne s’arrête. Il est donc majoritairement représenté ce soir, mais la liste reste tout de même très généreuse en allant chercher dans la quasi-intégralité de la discographie du groupe. Le son est propre et on profite sans obstacles de tous les détails des compositions, loin du traumatisme vécu au Download France il y a quelques années. Au centre de la scène, Neige irradie le festival de l’enfer de sa présence de guerrier pacifique. Une parenthèse de douceur cotonneuse au milieu de la fureur. On a tous nos préférences, mais « Autre temps » nous accompagnera un moment une fois les dernières notes du festival jouées.

 

Killing Joke

On dirait que le temps s’est arrêté depuis la reformation du line up originel de Killing Joke en 2008. C’est toujours avec la même joie qu’on voit débarquer la bande de working class shamans, toujours un sourire au coin des lèvres, entre blagues grinçantes, dénonciations de la folie du capitalisme et occultisme assumé…

La sauce ne prend pas immédiatement mais la rythmique tribale et les riffs sidérurgiques finissent par gagner tout le public, gatherers et non-initiés. Les chansons des époques new wave et indus finissent par se confondre en un seul son pour nous emporter tous et ne reste alors plus que cette transe primaire animée par un pantin chef d’orchestre qui gardera ses lunettes de soleil tout le long du set. Le Jaz est d’ailleurs particulièrement agité ce soir là et les regards amusés de ses partenaires nous confirment la chose. Il nous partage entre les chansons sa dernière obsession : la nouvelle Grande Guerre. Elle est proche, alors profitez de la vie avant qu’elle n’arrive.

On aurait bien allumé un grand feu de joie, mais à cette heure-ci il recouvrait déjà tout le festival. Parviendront-ils à reproduire la même ambiance de jour sur la grande scène le week end suivant ? (spoiler : non)


VENDREDI 17 JUIN

SAMEDI 18 JUIN

DIMANCHE 19 JUIN

JEUDI 23 JUIN

VENDREDI 24 JUIN

SAMEDI 25 JUIN

DIMANCHE 26 JUIN